Vidéoformation basée sur la vidéo 360 pour la formation aux métiers de l’enseignement et de la formation : Analyse de l’activité et conception de dispositifs de formation | Lionel Roche | 14.10.2024
RETOUR SUR LA CONFERENCE DU 14 octobre 2024
Par Insaf Al-Chikh, Equipe CRAFT, RIFT, Université de Genève
Lors de la conférence publique sur la vidéoformation basée sur la vidéo 360 pour la formation aux métiers de l’enseignement et de la formation, qui s'est tenue le 14 octobre 2024, Lionel Roche, a apporté son éclairage sur des thèmes essentiels à la compréhension de cette technologie.
Le conférencier a débuté son intervention en soulignant la différence entre la vidéo à 360°, la réalité virtuelle, la vidéo 2D intégrée et la vidéo 2D (vue à la troisième personne). La comparaison a été réalisée en se concentrant sur les aspects clés suivants : l’angle de vision offert, le support de visualisation, les possibilités offertes par la technologie, l’interactivité, le design du support visuel et la liberté de mouvement à l’intérieur du support visualisé.
Il a ensuite présenté une synthèse de la littérature concernant l’utilisation de la vidéo 360° dans les travaux scientifiques, mettant en évidence que de nombreux articles ont exploré l’emploi de cette technologie, que ce soit à travers des casques vidéo utilisés avec un smartphone ou un ordinateur, en contexte individuel ou en équipe, et parfois même en collaboration avec d’autres chercheurs ou enseignants. Il a souligné l’évolution rapide de cette technologie, en particulier ces dernières années, ainsi que la prolifération des études consacrées à son usage dans la formation des enseignants, qui témoignent de l’adoption croissante de la vidéo 360° à l’échelle mondiale. De plus, il a mis en avant l’intégration de cette technologie dans diverses disciplines, souvent en complément de cours théoriques spécifiques, ouvrant ainsi la voie à des pédagogies innovantes et immersives.
Parmi les résultats les plus significatifs issus de la littérature, deux éléments se distinguent particulièrement : l’approche multimodale dans la conception de la plateforme Form@tion360 par exemple, qui se décline en deux modules distincts, l’un destiné aux étudiants, l’autre aux formateurs. Le développement de cette plateforme inclut des vidéos interactives, dotées de points rouges permettant de mettre en lumière des situations de vigilance, ce qui aide les étudiants à se concentrer sur des éléments clés. Par ailleurs, des scénarios d’utilisation ont été créés pour adapter la vidéo 360° aux besoins spécifiques de différents cours, facilitant ainsi son intégration dans les processus d’apprentissage.
Trois aspects majeurs ont ensuite été abordés. Le premier concerne l’utilisation de la vidéo 360° comme support pour la préparation et l'accompagnement des stages. Le deuxième aspect met en avant son rôle dans le développement de la réflexivité des enseignants sur leurs pratiques pédagogiques. Enfin, la vidéo 360° apparaît comme un outil de développement des compétences perceptives des enseignants, tout en contribuant à l’enrichissement de la connaissance des contenus d’enseignement.
L’intervention a ensuite basculé sur les éléments de débat et parmi les éléments abordés, l’absence des avantages claires ou d’inconvénients associés à son utilisation pour favoriser les apprentissages, Lionel Roche a souligné que la plupart des études se concentrent uniquement sur la comparaison entre la vidéo 360° et d’autres formats, sans intégrer la vidéo 360° dans un cadre éducatif plus large, ce qui limite la compréhension de son impact réel sur l’apprentissage. De plus, il y a peu de données disponibles concernant l’impact de la vidéo 360° sur la motivation des apprenant·e·s, ce qui constitue une lacune importante dans la recherche sur cette technologie éducative. L’utilisation de la vidéo 360° dans la formation des enseignant·e·s a également été un sujet majeur de débat, ainsi que son application dans le champ de l’éducation, ce qui soulève des questions sur son efficacité et son intégration dans les pratiques pédagogiques.
Après avoir posé les bases des débats en cours, l’intervenant a abordé les limites fondamentales de l’utilisation de la vidéo 360, notamment le manque d’interactivité directe avec le contenu, ce qui peut rendre l’expérience moins engageante pour les utilisateurs-trices. Un autre aspect de ces limites concerne le besoin de formation pour les formateurs-trices afin de maximiser l’efficacité de l’utilisation de la vidéo 360 dans l’éducation, ainsi que de mettre en place des formes de guidage pour les utilisateurs-trices. Pour éviter que les utilisateurs-trices ne se dispersent et ne se concentrent pas sur les éléments à observer, il a notamment évoqué les difficultés qu’ils et elles peuvent rencontrer pour s’orienter dans l’image, d’autant plus que l’utilisation de vidéos à 360° peut parfois être source de distraction, entraînant une surcharge cognitive et des symptômes similaires au mal des transports, souvent appelé « cyber-maladie ».
Le conférencier a proposé des perspectives qui, selon lui, pourraient offrir des solutions à certains défis. La première est l’utilisation de l’hyper-vidéo interactive 360, qui permet aux utilisateurs-trices d’interagir avec la vidéo, d’explorer des informations connexes et d’accéder à des contenus supplémentaires, tels que des images, enrichissant ainsi l’expérience d’apprentissage. Il a souligné par la suite le rôle de l’utilisation d’un son omnidirectionnel ou ambisonique, qui pourrait améliorer l’expérience immersive en permettant aux utilisateurs de percevoir le son d’une manière plus réaliste et plus attrayante. Une troisième perspective mentionnée est celle des vidéos à 360° avec des perspectives multiples, qui offrent une approche innovante de l’observation et de l’analyse des situations d’apprentissage, et permettent aux enseignants stagiaires de faire l’expérience d’une variété de situations.
Lionel Roche a conclu sa présentation en soulignant l’importance de varier les supports de visionnage pour maximiser l’engagement et l’efficacité de l'apprentissage, tout comme la nécessité de scénariser l’utilisation des ressources et de définir un cursus de vidéo-formation adapté. Les discussions qui ont suivi la présentation ont confirmé l’ampleur de la réflexion menée, surtout sur la question de l’immersion qui, de l’avis du conférencier et des participants, méritait d’être explorée davantage.