Apprendre aĢ lire, aĢ eĢcrire et aĢ parler sont des enjeux principaux de l’eĢcole et sont une base pour l’inteĢgration dans la socieĢteĢ. Ces acquisitions fondamentales se mettent en place tout au long de l’eĢcole primaire et font l’objet d’une grande partie du temps d’enseignement. Ces apprentissages mobilisent en geĢneĢral seulement les modaliteĢs sensorielles visuelle et auditive des jeunes enfants ; l’utilisation du corps eĢtant souvent limiteĢe aux activiteĢs physiques et sportives. Pourtant, un certain nombre d’eĢtudes ces dernieĢres anneĢes, qui s’inscrivent dans le champ theĢorique de la cognition incarneĢe ont mis en eĢvidence le roĢle beĢneĢfique que le corps pouvait jouer dans les apprentissages scolaires. L’enjeu de l’utilisation du corps aĢ l’eĢcole devient double, celui des savoirs didactiseĢs (en eĢducation physique et sportive) et celui du corps engageĢ pour soutenir d’autres situations d’apprentissage. La motriciteĢ se met au service des apprentissages : l’exploration tactile vient soutenir et enrichir le langage, le geste graphique aide aĢ mieux reconnaitre les lettres, la manipulation permet de mieux meĢmoriser et comprendre des textes. Cette confeĢrence preĢsentera les reĢsultats de recherches appliqueĢes en psychologie de l’eĢducation qui mettent en eĢvidence l’inteĢreĢt de la motriciteĢ dans l’apprentissage et la compreĢhension du langage oral et eĢcrit chez l’enfant. Ces reĢsultats seront discuteĢs aĢ la lumieĢre des apports de la theĢorie de la cognition incarneĢe et en adoptant une perspective deĢveloppementale.
J'aborderai lors de ce seĢminaire la question de l'eĢducation des fonctions exeĢcutives en geĢneĢral, et de l'attention en particulier. L'attention est au cœur du processus d'apprentissage, et son eĢducation demeure, depuis la fameuse citation de William James dans les Principles of Psychology, en 1890, l'"eĢducation par excellence". Ceci dit, plus d'un sieĢcle apreĢs cette annonce programmatique, force est de reconnaitre qu'il n'existe pas encore, au sein des systeĢmes scolaires qui nous sont proches, d'eĢducation de l'attention institutionnaliseĢe. Je tenterai d'exposer les composantes essentielles que devraient comporter une telle eĢducation et d'amener les eĢleĢments reĢcents des sciences cognitives qui nous permettent de les envisager. Enfin, je preĢsenterai l'exemple du programme ATOLE ("Apprendre l'attention, aĢ l'eĢcole") comme une proposition de reĢponse aĢ ce deĢfi socieĢtal.
C’est par le biais de concepts preĢexistants que la nouveauteĢ est abordeĢe : par analogie avec le connu, l’eĢtre humain s’approprie l’inconnu et capitalise ses expeĢriences anteĢrieures. Un perçu l’est neĢcessairement aĢ travers un concept, lui-meĢme construction psychologique s’interfaçant dans toute interaction sensible. Loin d’eĢtre un pheĢnomeĢne ponctuel, l’analogie envahit ainsi la cognition depuis les actes les plus banals et inconscients jusqu’aux deĢcouvertes scientifiques les plus creĢatives, en passant par ce qui guide la manieĢre dont chacun interagit avec son environnement, interpreĢte une situation, raisonne au quotidien, prend des deĢcisions, acquiert de nouvelles connaissances. Ainsi, les notions scolaires sont d’abord appreĢhendeĢes par le filtre du connu, ce qui offre une premieĢre entreĢe pour leur donner sens. Ces premieĢres conceptions, intuitives, sont ineĢvitables mais limitantes, car elles ne coiĢncident que partiellement avec les savoirs en jeu. Comment, alors, favoriser le deĢpassement d’une compreĢhension spontaneĢe et aller au-delaĢ des pieĢges du connu ? C’est la question de la reĢinterpreĢtation, toujours guideĢe par le connu, mais par un connu non intuitif, qui n’est pas spontaneĢment eĢvoqueĢ mais offre une nouvelle perspective, feĢconde, sur la situation, et receĢle les germes de l’abstraction. DeĢpasser les limites du connu en reliant aĢ un autre connu receĢle un riche potentiel pour les apprentissages.
Parmi les traits marquants de la trajectoire de Jean Piaget, sa « fideĢliteĢ » aĢ l’Institut Rousseau et aĢ son Bureau international d’eĢducation, BIE que le savant dirige depuis sa transformation en une agence intergouvernementale jusqu’aĢ son inteĢgration compleĢte dans l’UNESCO (1929-1968).
« Le regard en haut, les pieds sur le sol » (1929) : tel est le profil attendu du tout jeune directeur, enjoint de deĢmarcher tous les gouvernements de la planeĢte pour qu’ils s’affilient au BIE et œuvrent aĢ construire la paix sur terre par la science et l’eĢducation. Autrement dit, faire du BIE un catalyseur de l’« internationalisme eĢducatif », muĢ par un eĢlan reĢformiste porteĢ par la fleĢche du progreĢs qui est celle aussi de la science.
A partir de volumineuses archives, correspondances croiseĢes, rapports, enqueĢtes, publications, nous examinerons la diplomatie mise en œuvre par Piaget pour relever ce deĢfi. Comment le savant se positionne-t-il aĢ l’heure de convier tous les gouvernements aĢ des confeĢrences internationales destineĢes aĢ reĢsoudre les probleĢmes eĢducatifs bruĢlants de la planeĢte en eĢlaborant colleĢgialement des recommandations, regardeĢes comme une « charte des aspirations mondiales l’instruction publique » ?
Sa queĢte d’universaliteĢ place le BIE dans une situation contradictoire, ouĢ Piaget devra redoubler de diplomatie: proĢner un apolitisme pour intervenir au niveau gouvernemental ; reĢciproquement agir sur l’eĢcole publique, chasse gardeĢe des nations, afin de construire une coopeĢration inter-nationale. Un pari universaliste plus deĢlicat encore dans le contexte de l’exacerbation des nationalismes au fil des anneĢes trente, puis des revendications d’indeĢpendance des colonies dans l’apreĢs-guerre.
EpauleĢ de son directeur adjoint, Pedro RosselloĢ, Piaget tentera d’y expeĢrimenter, aĢ une eĢchelle intergouvernementale et internationale, les meĢthodes meĢmes de la coopeĢration et du self-government qu’il a theĢoriseĢes, deĢmontrant que celles-ci facilitent le passage de l’eĢgocentrisme aĢ la reĢciprociteĢ, autrement dit au jugement moral1 et l’acceĢs aĢ la rationaliteĢ. Le BIE aurait-il servi d’aiguillon aĢ Piaget pour deĢvelopper ses theĢories eĢducatives et, accessoirement, de tribune pour eĢlargir encore la renommeĢe de ses travaux ?
Cette confeĢrence est composeĢe de deux parties. La premieĢre partie consiste dans une petite eĢtude commenteĢe du texte de Jean Piaget, « Les meĢthodes nouvelles. Leurs bases psychologiques » dans laquelle je cherche aĢ montrer la pertinence et la force, pour la recherche contemporaine en eĢducation, de certaines des ideĢes que Piaget exprime dans ce texte Dans la seconde partie, j'eĢbauche une relecture de certains aspects de l'œuvre de Piaget. Sur le plan theĢorique, je tente d'abord de reprendre certaines notions et conceptions piageĢtiennes (la dialectique assimilation/accommodation, l'eĢquilibration, la relation entre milieu et comportement) dans la perspective d'eĢlaboration d'une science didactique. J'essaie ensuite de montrer comment l'œuvre piageĢtienne pourrait contribuer, sur le plan meĢthodologique, aĢ la construction d'une nouvelle clinique, et, sur le plan eĢpisteĢmologique, aĢ une meilleure compreĢhension de ce qu'est une preuve, en particulier une preuve d'efficaciteĢ.
En nous appuyant sur les travaux de Piaget, et notamment sur son texte reĢdigeĢ en 1939 sur « Les meĢthodes nouvelles. Leurs bases psychologiques », nous preĢsenterons nos travaux portant sur les dispositifs d’intervention psycho-peĢdagogiques creĢeĢs pour accompagner le deĢveloppement socio-cognitif de sujets scolariseĢs en zone d’eĢducation prioritaire. Ainsi Piaget deĢfinit le roĢle du milieu dans le deĢveloppement de scheĢmes socio-cognitifs (scheĢmes opeĢratoires, autonomie morale) en soulignant l’importance de l’expeĢrimentation dans la constitution des opeĢrations mentales, le roĢle du jeu et sa signification fonctionnelle, le roĢle de l’adulte et l’influence du milieu dans la construction des relations sociales. Dans les travaux que nous preĢsenterons, il apparaiĢt que le roĢle de l’environnement social, en zone d’eĢducation prioritaire, entrave la construction de compeĢtences opeĢratoires et maintient les adolescents dans l’heĢteĢronomie morale. Ceci n’est pas sans conseĢquence sur leurs comportements. ApreĢs avoir preĢsenteĢ les diagnostics, nous deĢcririons les dispositifs construits avec les eĢquipes peĢdagogiques qui s’appuient sur des meĢthodes interactives de reĢsolution de probleĢmes.
Actuellement, il existe un consensus sur le plan politique et scientifique quant aĢ l’importance des compeĢtences socio-eĢmotionnelles pour la scolariteĢ de l’enfant. L’objectif de cette intervention consistera aĢ preĢsenter les effets d’un programme d’intervention inteĢgreĢ au milieu scolaire dans des classes publiques en Suisse visant aĢ promouvoir le deĢveloppement de certaines compeĢtences socio-eĢmotionnelles (la compreĢhension, la reĢgulation des eĢmotions et le comportement prosocial) par le biais d’activiteĢs d’apprentissage structureĢes reĢinvesties dans des situations de jeux de faire semblant chez des enfants qui freĢquentent la 2eĢme Harmos (5-6 ans). Dans le cadre de cette communication, les reĢsultats des deux premieĢres eĢtudes reĢaliseĢes seront preĢsenteĢs.
Le but de la premieĢre recherche (eĢtude exploratoire) visait aĢ eĢvaluer la faisabiliteĢ de ce programme dans une classe de 2H. Pour ce faire, Sylvie Richard, enseignante primaire et psychologue, a testeĢ les 11 seĢances du programme dans une classe de 2H et eĢvalueĢ 19 enfants aĢ l’aide d’un paradigme preĢ-test, entraiĢnement (groupe expeĢrimental vs teĢmoin), post-test.
Dans la seconde recherche, ce programme a eĢteĢ impleĢmenteĢ aĢ plus grande eĢchelle dans le cadre scolaire en proposant aĢ un groupe d’enseignantes de reĢaliser l’entraiĢnement directement au sein de leur classe avec leurs eĢleĢves. L’objectif de cette eĢtude eĢtait d’apporter des preuves scientifiques pour que ce programme soit incorporeĢ aux pratiques d’enseignement/apprentissage quotidiennes des enseignant-e-s des premiers degreĢs de la scolariteĢ. Dix classes ont eĢteĢ recruteĢes, soit cinq classes composant le groupe expeĢrimental (n = 39) et cinq classes composant le groupe teĢmoin (n = 40). Les enseignantes du groupe expeĢrimental ont beĢneĢficieĢ de 20 heures de formation portant aĢ la fois sur le contenu des diffeĢrentes seĢances du programme, mais eĢgalement sur son impleĢmentation.
En guise de conclusion, sur la base de ces deux premieĢres eĢtudes, les perspectives relatives aĢ une troisieĢme eĢtude seront finalement preĢsenteĢes.
Depuis une vingtaine d’anneĢes, le courant de l’eĢducation fondeĢe sur les preuves (EFP) s’inteĢresse aĢ compleĢter et enrichir la pratique professionnelle des enseignants par le recours aĢ des preuves de standards scientifiques eĢleveĢs. Ce courant a eĢteĢ mis en avant dans diverses politiques (e.g., eĢtasunienne avec le No Child Left Behind Act) et rapports (e.g., le reĢcent rapport du Conseil scientifique de l’eĢducation nationale, 2020), et a fait eĢgalement l’objet de certaines controverses (cf. Gaussel, 2020 pour une syntheĢse et Bryk, 2017 et ses commentateurs).
Nous essaierons d’apporter certaines clarifications aĢ ce deĢbat, en commençant par eĢvoquer ce qui rend le milieu scolaire speĢcifique et difficile aĢ eĢtudier, puis nous preĢsenterons quelques conditions neĢcessaires et possiblement suffisantes pour que l’EFP puisse eĢtre consideĢreĢe comme opeĢrationnelle : – ce qu’est une pratique d’enseignement et ses possibles effets ; – les sources inspirant ces pratiques ; – leur utilisabiliteĢ et acceptabiliteĢ en contexte ; – les liens neĢcessaires entre la pratique et la theĢorie et les recherches deĢjaĢ reĢaliseĢes (e.g., Dessus & Besse, 2020).
Nous terminerons par deĢcrire le fonctionnement des Ateliers profs chercheurs (Centre de recherches interdisciplinaires, Univ. de Paris, https://profschercheurs.cri-paris.org/), un dispositif de recherche collaborative ouverte permettant aĢ des collectifs d’enseignants d’identifier des deĢfis, puis des actions pour relever ces derniers, actions qui seront impleĢmenteĢes en contexte de classe. Des retours d’expeĢrience seront ensuite partageĢs, preĢsentant des preuves montrant l’eĢtat d’avancement du deĢfi. Des syntheĢses valideĢes par les pairs sont enfin produites, syntheĢses qui permettront de fonder les deĢfis suivants. Nous discuterons de cette expeĢrience et montrerons qu’elle correspond aĢ la mise au jour de preuves fondeĢes sur la pratique eĢducative, telle que preĢconiseĢe par Cook et al. (2012) : – utiliser des donneĢes locales et les narrations des professionnels, – favoriser une approche bottom-up en partant de petits groupes de praticiens motiveĢs travaillant collaborativement ; – conduire des recherches rigoureuses qui reĢveĢlent des preuves fondeĢes sur la pratique.
Cette preĢsentation traitera des reĢsultats d’un reĢcent projet de recherche (projet ELODI1) qui a viseĢ, dans un premier temps, aĢ deĢcrire les pratiques d’enseignant·e·s speĢcialiseĢ·e·s, lors de l’enseignement de la lecture aupreĢs d’eĢleĢves preĢsentant une deĢficience intellectuelle, scolariseĢ·e·s en institutions speĢcialiseĢes dans diffeĢrents cantons romands. Cette eĢtude a permis de mieux comprendre les obstacles que ces professionnel·le·s rencontraient et eĢgalement sur quelles ressources il·elle·s pouvaient s’appuyer. Sur la base de ces informations et des donneĢes scientifiques les plus reĢcentes concernant les pratiques probantes en matieĢre d’enseignement de la lecture aupreĢs de ce public d’eĢleĢves - et notamment d’une reĢcente meĢta-analyse - une nouvelle meĢthode d’enseignement de la lecture a eĢteĢ conçue. Une eĢtude expeĢrimentale de groupe meneĢe sur une anneĢe scolaire avec 48 eĢleĢves preĢsentant une deĢficience intellectuelle, nous a permis d’en eĢvaluer les effets sur les progreĢs des eĢleĢves. Ce projet de recherche s’est clos par une enqueĢte sur l’eĢvolution des pratiques des enseignant·e·s speĢcialiseĢ·e·s suite aĢ leur participation aĢ cette recherche.
Les capaciteĢs permettant de comprendre et de produire le langage oral sont, en dehors de cas treĢs speĢcifiques, acquises naturellement par les enfants en fonction de leur environnement. A l’inverse, celles permettant de lire et d’eĢcrire neĢcessitent un apprentissage systeĢmatique, et cela quel que soit le systeĢme d’eĢcriture. Plus speĢcifiquement, en ce qui concerne la lecture dans une eĢcriture alphabeĢtique, les modeĢles distinguent trois niveaux de traitement : le traitement perceptif qui permet au lecteur de passer du code eĢcrit au code oral (deĢcodage, des grapheĢmes aux phoneĢmes), celui qui lui permet d’identifier les mots eĢcrits (appariement de l’entreĢe deĢcodeĢe avec un mot de son lexique oral) et celui qui lui permet de comprendre ce qu’il lit. Pouvoir deĢcoder les mots neĢcessite donc des capaciteĢs de discrimination visuelle et phonologique ainsi que des modifications notables de la perception visuelle du jeune enfant. En effet, pour lire, il lui faut tenir compte de l’orientation des lettres, ce qui n’est pas le cas pour la perception des objets (alors qu’une chaise reste une chaise quelle que soit sa position, la lettre ‘b’ se diffeĢrencie de la lettre ‘d’, tout comme ‘u’ se diffeĢrencie de ‘n’). Pour lire, il lui faut eĢgalement mettre en place une coordination fine entre mouvements des yeux et de la teĢte.
L’exposeĢ est centreĢ sur la question des liens entre compreĢhension et deĢcodage dans une eĢcriture alphabeĢtique. A ce niveau, trois theĢories concurrentes s’affrontent.
• La premieĢre postule que le deĢcodage et la compreĢhension fonctionnent de manieĢre autonome. Les modeĢles de la lecture experte deĢriveĢs de cette theĢorie se sont focaliseĢs sur la nature automatique du deĢcodage et de l’identification des mots eĢcrits. Les travaux deĢveloppementaux se sont quant aĢ eux attacheĢs aĢ montrer comment l’apprenti-lecteur deĢveloppe des proceĢdures d’identification des mots eĢcrits qui deviennent progressivement, en fonction de certaines caracteĢristiques des mots (leur consistance au niveau des relations grapheĢme- phoneĢme et leur freĢquence), de plus en plus preĢcises et rapides.
Selon la seconde theĢorie, l’identification des mots eĢcrits est piloteĢe par la compreĢhension. Les travaux meneĢs dans ce cadre sont aĢ l’origine de la Guerre de la lecture qui oppose les deĢfenseurs d’une pratique peĢdagogique centreĢe sur la compreĢhension (le deĢcodage eĢtant un obstacle aĢ la compreĢhension du message eĢcrit) aĢ ceux qui soutiennent que pour pouvoir comprendre ce qui est lu, il faut savoir deĢcoder.
La troisieĢme theĢorie est interactive. Elle consideĢre que les relations entre habileteĢs de deĢcodage et d’identification des mots eĢcrits, d’une part, et la compreĢhension, d’autre part, deĢpendent du niveau de deĢcodage. Les recherches meneĢes dans ce cadre suggeĢrent que l’identification des mots eĢcrits est influenceĢe par la compreĢhension lorsque cette identification n’est pas suffisamment automatique.
Dans l’exposeĢ nous allons preĢsenter les reĢsultats des recherches qui valident - ou invalident - ces trois cadres theĢoriques et les implications peĢdagogiques qui en deĢcoulent. L’eĢclairage est plus particulieĢrement celui apporteĢ par les eĢtudes longitudinales et les simulations des processus en jeu dans l’apprentissage de la lecture qui suggeĢrent que, plus ou moins rapidement selon la consistance des relations grapheĢme-phoneĢme dans la langue dans laquelle s’effectue cet apprentissage, un meĢcanisme d’auto-apprentissage va progressivement se substituer aĢ l’enseignement superviseĢ par le maitre.
L’eĢclairage sera aussi celui apporteĢ par plusieurs concepts piageĢtiens cruciaux: assimilation et accommodation, point d’eĢquilibre et jeu des processus compensatoires.
Etre reĢellement du coĢteĢ de Locke, Rousseau, Itard, SeĢguin, Montessori, Freinet et Piaget aujourd’hui, en ce deĢbut de XXIeĢ sieĢcle, c’est s’inteĢresser seĢrieusement aux neurosciences. Piaget ne disait-il pas que la construction de l’intelligence chez l’enfant est la forme optimale de l’adaptation biologique ? Il faut donc faire l’effort, pour les chercheurs en psychologie du deĢveloppement et en sciences de l’eĢducation, d’utiliser conjointement les technologies de la psychologie expeĢrimentale et de l’imagerie ceĢreĢbrale, avec la participation des enfants et professeurs volontaires des eĢcoles, pour mieux comprendre le cerveau qui apprend, un cerveau dans un corps (Berthoz), en contexte social et culturel (Vygotski, Bruner). Non pas pour que la science fasse la classe, ni pour imposer les sciences cognitives et les neurosciences aĢ l’eĢcole de façon autoritaire (Dehaene), mais plutoĢt pour des allers-retours feĢconds, par taĢtonnement expeĢrimental, collaboratif, comme l’aurait dit Freinet, du laboratoire aĢ la classe. C’est s’inteĢresser au cerveau de l’enfant, cet « organe devenu visible », comme Montessori preĢconisait de s’inteĢresser aĢ son aĢme ! La confeĢrence en donnera quelques exemples.