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22 mai 2025 - Melina Tiphticoglou

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Vie de l'UNIGE

«Le Théorème de Marguerite», un écrin pour les sciences physiques et mathématiques

À l’horizon 2033, un nouveau bâtiment accueillera les sciences physiques et mathématiques de l’UNIGE. Résultat d’un concours d’architecture, le projet, connu depuis ce mardi 20 mai, permettra de maintenir l’excellence de la recherche au cœur de la cité. L’aménagement de l’espace public, du quartier et du paysage urbain environnant sera également repensé.


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«Le Théorème de Marguerite», entrée principale. Image: Burckhardt Architecture SA


D’ici une petite dizaine d’années, la plupart des activités de physique et de mathématiques de l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé de Genève seront réunies sous un même toit. S’inscrivant dans une vision plus large de développement du campus (voir ci-dessous), le Centre des sciences physiques et mathématiques (CSPM) s’implantera entre les bâtiments de Sciences II-III et l’Institut de physique, dans une zone délimitée par le quai Ernest-Ansermet, la rue des Bains et le boulevard d’Yvoy. Visant à la fois à consolider l’excellence scientifique à Genève et à remédier aux problèmes critiques de vétusté des locaux actuels, ce projet immobilier a fait l’objet d’une consultation auprès de la communauté universitaire, de l’ensemble des usagers et usagères et du voisinage avant qu’un concours d’architecture anonyme à deux tours ouvert à l’international ne soit lancé par l’Office cantonal des bâtiments (OCBA) au printemps 2024.

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Le projet lauréat a été dévoilé mardi 20 mai à Uni Mail, en présence d’Anne Hiltpold, conseillère d’État chargée du Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse, d’Audrey Leuba, rectrice de l’UNIGE, de Francesco Della Casa, architecte cantonal et de Christoph Renner, vice-doyen de la Faculté des sciences de l’UNIGE. «Le Théorème de Marguerite», proposition portée par Burckhardt Architecture SA, remporte l’adhésion du jury et gagne le concours. «C’est une étape très importante dans un processus entamé il y a près de 20 ans, soulignait Christoph Renner à cette occasion. L’idée d’un nouveau bâtiment pour les sciences physiques et mathématiques est en effet née en 2006 dans le cadre du Pôle de recherche national MaNEP, dont l’objectif scientifique était de développer des matériaux avec de nouvelles propriétés électroniques.»

Locaux vétustes et manque de place
Actuellement, les activités de recherche et d’enseignement en physique et en mathématiques sont dispersées sur plusieurs sites. Elles se déroulent dans des locaux vétustes et inadaptés aux exigences techniques du domaine, ainsi qu’aux normes de sécurité et environnementales. La place manque également pour accueillir les étudiant-es et les jeunes professeur-es qui constituent la prochaine génération de scientifiques. Le nouveau centre doit permettre à l’UNIGE à la fois de rester attractive au niveau international et de conserver l’excellence scientifique à son plus haut niveau.

«Faire de la recherche, et notamment de la recherche fondamentale, c’est faire le pari qu’en essayant inlassablement de mieux comprendre le monde, nous y vivrons mieux, relevait la rectrice Audrey Leuba lors de la présentation du projet lauréat. Une étude récente a montré que les 28 médicaments les plus novateurs sur le marché aujourd’hui doivent leur développement à des découvertes fondamentales les précédant en moyenne de trente et un ans. Et pour que ces découvertes aient eu lieu, il a fallu former et recruter des chercheuses et des chercheurs de talent, leur fournir des équipements de qualité et les accueillir dans des bâtiments adaptés.»

Recherche de pointe sur un territoire urbain
La recherche de pointe nécessite des infrastructures hautement spécialisées, comme des laboratoires qui ne doivent pas subir de vibrations, des espaces expérimentaux exigeants en termes de régulation climatique ou des plateformes de calcul intensif. Maintenir de telles activités au cœur de la ville est une gageure que 42 bureaux d’architectes ont tenté de relever en répondant à l’appel à concours de l’OCBA. Toute la difficulté de l’exercice résidait dans la conception d’un bâtiment qui réponde à ces impératifs dans un contexte urbanistique contraignant. La parcelle se limite en effet à 2’500 m2, sur lesquels devra être installée une surface bâtie de 36’000 m2 pour 21’000 m2 de surface utile.

Consultation citoyenne et durabilité
Il était attendu des candidat-es un projet architectural ouvert sur la cité, capable d’encourager le développement de la recherche interdisciplinaire et de créer un environnement propice à l’échange et à la créativité. Le projet devait également s’inscrire de manière cohérente dans le territoire et renforcer les perméabilités entre les différents espaces qu’il relie (berges de l’Arve, cité Carl-Vogt, pôle sciences). Les propositions architecturales étaient par ailleurs tenues de suivre les principes directeurs citoyens, à savoir une synthèse des consultations menées à travers des enquêtes de terrain, des micros-trottoirs, des ateliers participatifs et un sondage auprès de la population du quartier et des utilisateurs/trices des sites universitaires. Enfin, le futur bâtiment devait être exemplaire sur le plan de la durabilité et prendre en considération un certain nombre de critères, comme l’écobilan de la construction, la consommation énergétique du bâtiment ou encore la valorisation de la biodiversité.

Pour libérer la parcelle et créer une ouverture vers l’Arve, plusieurs bâtiments provisoires ou obsolètes seront démolis: Sciences I, le réacteur, les Isotopes, le Pavillon Ansermet et la Datcha – cette dernière retrouvera une place au rez-de-chaussée du futur bâtiment. L’Institut de physique, quant à lui, devra être préservé et mis en valeur par le futur pôle. Réalisé par Denis Honegger entre 1949 et 1952, cet édifice figure parmi les constructions universitaires les plus remarquables de Genève. À ce titre, il est inscrit à l’inventaire des immeubles dignes d’être protégés.

Un nouveau Parc des sciences
«Le Théorème de Marguerite» propose de regrouper les activités de physique et de mathématiques dans deux bâtiments. Une tour de 20 étages, culminant à 78 m, installée côté Arve, réunira les bureaux de la recherche, tandis que les salles d’enseignement seront regroupées dans un édifice de quatre étages placé côté boulevard d’Yvoy. Dans les étages inférieurs, outre un grand auditoire et des surfaces consacrées à la logistique, seront hébergés les laboratoires requérant une très grande technicité (contrôle des vibrations, de la température, de l’humidité, des interférences électromagnétiques…).

Les deux constructions seront reliées au niveau du rez-de-chaussée par une toiture commune qui abritera un hall d’entrée multifonctionnel. Pensé comme une agora où se croiseront les membres de la communauté scientifique et les habitant-es du quartier, cet espace accueillera les entrées principales du CSPM qui assureront également une liaison entre la cour des bâtiments de Sciences II-III et celle de l’Institut de physique. La disposition de l’ensemble permettra de créer une esplanade de chaque côté de cet édifice protégé et ainsi de le valoriser. Un nouveau Parc des sciences offrira un espace commun aux différents bâtiments ainsi reliés et connectera la ville aux berges de l’Arve, où circulent piéton-nes et vélos. Le jury a salué la grande qualité de ce projet qui propose une réflexion à grande échelle sur l’aménagement de l’espace public, du quartier et du paysage urbain. Les maquettes et rendus de concours du lauréat et des 41 autres propositions sont exposés dans le hall d’Uni Mail jusqu’au 30 mai.

La construction du CSPM a bénéficié d’un crédit d’étude de 17,6 millions accordé par le Grand Conseil de Genève le 2 mars 2023 (PL13190). Ce montant visait à couvrir l’étude et le développement d’un projet jusqu’à la dépose de l’autorisation de construire (études de faisabilité, démarche participative, concours d’architecture, développement du projet lauréat). Le coût de la réalisation du «Théorème de Marguerite» n’est pas connu. Le projet lauréat venant d’être désigné, il doit à présent être affiné et chiffré, pour pouvoir fournir une estimation du coût d’ici environ six mois. Cette phase sera suivie d’un projet de loi pour un crédit d’investissement présenté par le Conseil d’État et examiné par le Grand Conseil. Une demande définitive d’autorisation de construire sera ensuite déposée pour une mise en service du bâtiment espérée en 2033.

Pour en savoir plus

L’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé dessine son futur
Avec près de 18’000 étudiant-es et plus de 6500 employé-es, l’±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé de Genève se déploie aujourd’hui sur 70 adresses et 205’000 m2 de surfaces utiles, dont une partie en location. Alors que les indicateurs statistiques prédisent une augmentation significative de ses effectifs au cours des prochaines années, l’UNIGE prévoit l’agrandissement de son campus. Afin de planifier cette évolution de manière cohérente, l’institution travaille à un masterplan, établi en collaboration avec les communes et de nombreux services de l’État. Ce document, dont une version consolidée sera présentée cet automne, vise un horizon temporel de vingt ans fondé sur une évaluation au plus juste des besoins futurs.

Résolument urbain, le campus de l’UNIGE se développera principalement de part et d’autre de l’Arve. «Il y a une volonté de créer à la fois une certaine unité au sein du campus, en aménageant des connexions entre les différents sites, et une porosité avec la ville», explique la rectrice Audrey Leuba. Deux nouveaux bâtiments, implantés le long des rives, contribueront à l’extension du campus. Prévu pour 2028, Quai Vernets, en construction dès cet été, accueillera la Faculté d’économie et de management et celle des sciences de la société. Sur la rive droite, le Centre des sciences physiques et mathématiques sortira de terre à l’horizon 2033 dans le prolongement de Sciences II (lire ci-dessus).

La stratégie immobilière de l’UNIGE, dirigée par François Bellanger, repose également sur l’acquisition de locaux, comme ceux du 64, boulevard Carl-Vogt rachetés à la RTS. D’ici à 2030, ces espaces pourraient accueillir le Scienscope qui, avec une fréquentation de 30’000 élèves par année, se trouve à l’étroit sur le site de Sciences II. Autre aspect important de cette politique: mieux utiliser les bâtiments existants. La rénovation du site Bastions, dont le corps central devrait être terminé pour 2027, en est un exemple, de même que les réaménagements prévus à Uni Mail et au CMU. Faisant suite à une démarche participative, les deux plus grands bâtiments du campus seront en effet repensés pour mieux répondre aux besoins de la communauté, à l’image de ce qui a été fait à . Un autre projet devrait voir le jour d’ici à 2032. Il s’agit du qui accueillera une multitude d’activités étudiantes (sportives, culturelles, associatives…) dans un bâtiment adossé à Uni Mail. Enfin, l’institution travaille à élargir les capacités en logements étudiants, avec des projets ambitieux à Pinchat et dans le quartier de l’ɳٴǾ±±ô±ð.

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