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Comment entendre une parole autre? Comment la faire entendre? Dans son dernier ouvrage, le professeur Vincent Debaene, directeur du Département de langue et littérature françaises modernes, s’empare de ces questions à travers une étude historique et une réflexion sur les sciences sociales. Cet éclairage, qui se base sur des textes africains et malgaches jadis désignés comme une «littérature indigène d’expression française», ne porte pas uniquement sur le passé: «S’il peut être éclairant de saisir la condescendance coloniale ou l’exaltation primitiviste dans le détail de leur déploiement historique, c’est parce qu’elles balisent un espace de possibles qui est encore le nôtre aujourd’hui dans l’appréhension d’une littérature en français qui ne vient pas d’Europe et, pour tout dire, de toute littérature, quelle que soit sa provenance», précise l’auteur.

L’originalité de son approche consiste à inverser la posture adoptée par la plupart des analyses sur les écrits «d’outre-mer». Plutôt que d’identifier les raisons qui ont empêché les littératures indigènes d’accéder à la reconnaissance, Vincent Debaene examine la possibilité de les lire aujourd’hui autrement que comme des témoignages de l’oppression coloniale, en d’autres termes de les naturaliser, en invitant à une reconfiguration du «paysage mental» dans lequel elles sont généralement confinées. Les tentatives de décrypter les logiques qui ont abouti à reléguer ces textes à la périphérie d’un prétendu «centre» comportent, en effet, le risque de réitérer la relégation qu’elles prétendent expliquer.